mardi 24 juin 2008

Fête de la Musique


Nous aurions pu errer dans Toul, nous faufiler dans la ville en évitant les tonitruants karaokés de la Place Ronde, faire là une étape à écouter les élèves de l'École de Musique, sourire ici aux couacs de la Lyre, applaudir plus loin les jeunes accordéonistes appliqués de José Quenet, découvrir dans quelque recoin intimiste un groupe inconnu ou une chorale trop connue, nous attarder sur le port jusqu'à la fin trop précoce d'une prestation des Barzingault (bravo Thierry, bravo Christelle) et finir la soirée place du Couarail au rythme jazz manouche des guitares des talentueux frères Delfolie tout en sirotant une bière tiédasse dans un gobelet plastique !

- Salut Geneviève !
- B'soir, Gérard !
- Alors, Céline c'est quand cet oral ?
- Ben alors, Julie, qu'est-ce qu'il t'est arrivé ?

A Toul, on croise toujours quelqu'un de connu avec qui commenter la soirée, partager quelques instants chaleureux.

Nous aurions pu tourner dans Nancy, comme l'année où nous avons péniblement traversé la ville après notre concert intimiste à l'IUFM, sans trouver de parking où caser nos 5 ou 6 voitures et nous retrouver finalement encore tous à Toul, à la terrasse du seul café du centre ville sans activité musicale, à siroter une blanche bien fraîche !

Nous aurions pu passer la soirée à Nancy, perdant nos amis à trop vouloir zapper entre les différentes prestations en jouant du coude dans la foule épaisse amassée aux points stratégiques et rentrer déçus pour n'avoir tous comptes faits, rien trouvé de valable à nous mettre entre les oreilles. Au passage devant Saint Epvre et sur le cours Léopold, nous nous serions encore posés la question si c'est bien ici la Fête de la Musique et pas la Fête de la Bière et du Bruit ?

Cette année, nous avions programmé un week-end en groupe, à la campagne…
tout au bout d'un sombre chemin forestier herbeux, au "p'tit bal perdu", mais vraiment perdu de chez perdu, tout au fond des bois, quelque part entre Vosges et Haute-Marne.

Dehors, nos bavardages couvrirent bien vite le ronflement du groupe électrogène et l'apéro servi sur la terrasse pour la quarantaine de personnes venue passer ici la soirée fut convivial.
Guy interprétait le morceau de votre choix ou accompagnait au pied levé sur son accordéon quiconque acceptait modestement de chanter quelque rengaine intemporelle !
L'un à la voix de Mouloudji, une autre à la chaude voix d'alto nous surprirent par la qualité de leurs solos !
Avant que la fraîcheur du Mouzon ne refroidisse l'ambiance, nous nous sommes installés dans la grange joliment restaurée.
La soirée fut désuète et anachronique et me fit l'effet d'avoir remonté le temps d'une cinquantaine d'années !
"C'était tout juste après la guerre, dans un p'tit bal qu'avait souffert…"

"Pas de Jul' au violon,
Guy Maz'lin à l'accordéon,

faudrait avoir une jambe de bois
pour ne pas danser la polka…"

Bon, je dois avoir deux jambes de bois et je ne suis fan ni de polka, ni de java…
Je me contentais d'observer ces danseurs d'un autre temps !

La nuit en dortoir dans un gîte équestre fut profonde mais courte, le paon sur le toit de la maison ayant fait retentir un "léon" très matinal dès le lever du jour, prenant de court le coq qui se contenta de grappiller les miettes de notre petit déjeuner tout en surveillant de près l'unique poule des lieux !

Le dimanche se termina à Malzéville où notre groupe se rendit en convoi.


À la Douera, l'ambiance fut toute autre !
Apéro rythmé au son des djembes, taboulé et charcuterie à celui d'un gospel.
Le café fut à peine mouillé par trois gouttes d'un orage qui n'osa pas troubler cette dixième édition des Douëraphonies. Celles-ci avaient eu l'heureuse coïncidence d'être programmées cette année au lendemain de la Fête de la Musique.
Grâce au p'tit rosé, l'après-midi se prolongea dans une nonchalance déambulatoire, entre podium central, coin des enfants et stands d'exotiques exposants.

Louanges à Jack d'avoir eu l'idée, il y a 24 ans, de faire descendre les musiciens dans la rue lors de la nuit la plus longue de l'année ! Mais à cette occasion il est plus grisant d'être acteur que spectateur : le souvenir de nos prestations en des lieux emblématiques (médiathèque, halls de gares, hôpitaux, maison de retraite, prison…) est unique !

1 commentaire:

  1. J'l'avais pas vu ce post.

    Il est beau.

    Mais alors vraiment beau.

    Le bal perdu... c'te chanson me faisait monter les larmes aux yeux quand j'avais treize. J'écoutais déjà pas mal de heavy metal. Mais ça me foutait des taloches dans le bide, cet accordéon.

    C'est pas incompatible.

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