samedi 1 novembre 2008

Un "temps" de Toussaint !

Non, ils ne sont pas tristes ces petits cimetières de villages blottis autour d'une vieille église avec leurs tombes disjointes aux croix rouillées penchées en tous sens. Ils sont simplement émouvants …
Dans mon village, les tombes des rares personnalités qui ont marqué l'histoire locale, naïves, sont de petites œuvres d'art. Certains pilleurs de statues ne s'y sont pas trompés !
D'autres sont des musées dignes d'être visités ou de s'y promener, ombragés de cyprès ou de platanes, en bord de mer ou dans de grandes villes.
Les cimetières militaires comme il y en a trop hélas en Lorraine, croix noires des allemands, croix blanches des français, tombes arabes tournées vers La Mecque, sont touchants par leur sobriété et leur égalitarisme.
Quant aux cimetières modernes, ils alignent leurs prétentieuses tombes de granite dans un ordre impeccable. Lettres d'or, fleurs en plastique et plaques en marbre. Ils me rebutent aussi par leurs columbariums achélèmesques !

Mes morts à moi, ils ne sont pas au cimetière mais dans ma mémoire, image bien vivante ou photo délavée écornée. Cette vision n'est pas triste et ils ne se sont jamais plaints de ne m'avoir pas vue prier les mains jointes ni déposer un rameau de buis ou un volumineux chrysanthème sur leur squelette inanimé.
Mon buis reste sur pied et les chrysanthèmes fleurissent dans mon jardin.

Pourtant, je ne comprends pas pourquoi je suis sortie si désemparée du vieux cimetière de La Coquille où je n'y ai pas trouvé de tombe "Pierre Roche, 1850- 1926"… je le sentais là, bien présent, au milieu des siens !
Ni pourquoi je n'arrivais pas à quitter le cimetière de Plougonven, de Sainte Suzanne ou de Vic sur Seille où Yves-Marie… où Clémence … où Charles…
Certes, d'eux vivants, je n'ai aucun souvenir ! Ne dit-on pas que les morts ne le sont pas tout à fait tant que quelqu'un pense encore à eux !
Alors, Pierre, Clémence-Émilie, Charles-Joseph, Catherine, Yves, vous êtes encore bien vivants !

"Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.

Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.

Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;

Et comme les astres penchants
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore."

Sully Prud'homme - Les Yeux


Sepvigny (55)- Le vieil Astre

Tombe de Joseph Poussot, éminent Lorrain, inventeur du Monocorde !

Villiers sous Mortagne (61)

La Coquille (24). Pierre est-il là…

… ou là ?

1 commentaire:

Dis-moi voir ?